Interview JETAA : Laura MESTAS (ALT du Département de Chiba 2010-2014)

Laura MESTAS
(ALT du Département de Chiba 2010-2014)

Quelle est ton occupation actuelle ?

J’ai rejoint il y a quelques années la fonction publique française, où j’officie en tant que traductrice. Je m’occupe principalement de faire de la veille informative, c’est-à-dire que je passe au crible de nombreux articles rédigés en anglais / italien / japonais, et les traduis voire les résume en français.

Pour quel type d’organisme as-tu travaillé en tant que JET et en quoi consistaient tes missions ?

J’ai travaillé pour le BOE (Board of Education) du département de Chiba ! J’étais affectée à un seul lycée, nommé Makuhari Sogo (MakuSo pour les intimes) ! J’étais ALT de français, c’est-à-dire que je secondais la prof titulaire dans les cours, proposais et mettais en application quelques activités, et préparais aussi les élèves au fameux concours de sketches organisé par l’Institut franco-japonais de Tokyo.

Avec le temps mes missions se sont élargies puisque j’ai notamment officié en tant qu’ALT d’anglais. Cela me permettait d’interagir avec d’autres élèves et d’apporter une autre vision de l’anglais puisque, comme eux, ce n’est pas ma langue native ! J’ai aussi rejoint mes collègues anglophones à l’animation du club de conversation anglaise (ESS)… J’avais caressé l’idée d’ouvrir un ciné-club français, mais ça ne s’est pas fait.

En route pour le concours de sketches ! (2010)
© Laura MESTAS

Quels sont les plus grands atouts de la région dans laquelle tu étais affectée ?

L’un des grands atouts de Chiba, c’est à la fois sa proximité avec Tokyo et son inaka[1] très facilement accessible ! Les rats des villes comme les rats des champs peuvent donc y trouver leur compte. Bon, il y a aussi la présence de Disney dans le coin, où j’ai passé quelques journées… il m’est même arrivé d’y croiser des élèves (rires) !

Plus sérieusement, Chiba m’a laissé un très bon souvenir. Le département regorge d’excursions journalières, c’est une petite péninsule riche en histoire, et les gens y sont adorables.

Y a-t-il des expériences tirées du Programme JET qui t’ont été utiles au cours de ta carrière ?

Cela va peut-être sembler étrange dit ainsi, mais baigner quatre ans dans la bureaucratie japonaise m’a appris une certaine forme de patience ! Ce n’est peut-être pas un hasard si aujourd’hui je travaille dans l’administration qui, comme chacun sait, peut charrier son lot de mises à l’épreuve, en dépit de ses bons côtés.

A la fête du sport, juste pour encourager les élèves… (2012)
© Laura MESTAS

As-tu gardé des liens avec la culture japonaise après ton retour ?

Bien sûr ! Dans mon métier actuel, d’une part. Et de l’autre… quelques temps après mon retour de JET, j’ai commencé à apprendre le sanshin[2] au Paris Sanshin Club. Commencer une activité typiquement japonaise et très « niche » une fois de retour en France peut paraître bizarre, mais ça m’a permis un atterrissage en douceur ! Et puis, après tout, j’avais bien fait de la danse classique au Japon. Dans un cas comme dans l’autre, je pense que j’ai voulu garder un peu de France au Japon, puis un peu de Japon en France.

Et sinon je pratique avec assiduité la chasse au meilleur ramen de Paris !

Quels seraient tes conseils pour les futurs candidats au Programme JET ?

Pour les futurs candidats : n’ayez pas peur, et soyez vous-même. Cela peut sembler très cliché, mais c’est vrai ! Vous pensez peut-être que votre parcours n’est pas celui du parfait futur JET, mais en vérité, la diversité des expériences et des vécus fait la richesse du programme, a fortiori celui des JET français. Parce que souvent, nous ne représentons pas seulement la France, mais aussi l’Europe. Il ne faut pas hésiter à jouer là-dessus.

 

Attaque de daims pas sauvages du tout à Nara (2012)
© Laura MESTAS

Ton souvenir le plus mémorable du Programme ?

Voilà une question bien difficile. Je parlerais bien du 11 mars 2011, mais ce n’est pas très joyeux… Alors je vais tricher, et vais en donner deux généraux : le premier, c’était les bunkasai[3] du lycée. Voir les élèves s’impliquer à un si haut degré et s’amuser comme jamais, c’était quelque-chose ! 

La bunkasai, surprises garanties ! (2013)
© Laura MESTAS

Et l’autre, c’est tous les voyages que j’ai pu faire, avec des amis rencontrés en JET, ou avec ma famille lorsqu’elle me rendait visite. J’ai pu faire une croisière en brise-glace à Hokkaido, participer à un matsuri[4] à Niigata, ou encore découvrir la mangrove d’Iriomote !

Les grues de Kushiro (Hokkaido) (2014)
© Laura MESTAS

[1] N.D.L.R. Inaka : campagne

[2] N.D.L.R. Sanshin: instrument à cordes emblématique de la musique traditionnelle d'Okinawa

[3] N.D.L.R. Bunkasai : festival culturel de l’école

[4] N.D.L.R. Matsuri : fête, festival

Commentaires